Manger en 2019

Si il y a bien une chose qui ne change pas c’est d’assouvir nos besoins essentiels à savoir, manger, boire et dormir. Pourtant, depuis quelques temps, partout émergent des avis de personnes qui ont décidé de manger différemment. Le gluten serait dangereux, manger de la viande deviendrait un crime, il faut se restreindre à une alimentation parfaitement calibrée pour être minces et beaux, manger beaucoup de protéines pour développer de la masse musculaire,… tout cela sans compter la guerre que se livrent les vendeurs de régimes et les PDG de fast-foods. Mais alors comment a évolué notre façon de nous nourrir ? Comment démêler le vrai du faux? Que doit-on bannir et sauvegarder quand il y a tant d’avis contraires ? Quelle influence a notre environnement quotidien sur notre alimentation? C’est ce qu’on va voir maintenant.

L’évolution de nos assiettes

Depuis les années 1980, le canon de beauté qui revient le plus est celui d’une femme grande et fine. Pourtant c’est dans les mêmes années que les fast-foods de se multiplient partout à travers le monde avec la mondialisation. Ce canon de beauté qui nous suit toujours s’oppose au taux d’obésité toujours croissant partout dans le monde. Grâce ou à cause d’internet, depuis les années 2000, un nouveau marché se met en place… celui des ventes en ligne et du téléachat liés à la perte de poids. Les publicités sont très ciblées et sont organisées de telle sorte qu’elles essaient de faire culpabiliser la cliente (car on ne va pas se mentir, ce genre de programme est surtout adressé aux femmes) puis lui proposent une solution soit disant miracle. De plus en plus de publicités et émissions de télé sont destinées à la reprise en main de sa vie, passant presque inévitablement par un programme alimentaire et sportif. Le 6 octobre 2010, date qui va révolutionner le monde du « fast média ». Facebook ne plaît plus aux jeunes, MSN est dépassé… naît alors Instagram. Grâce à ses nombreuses options permettant une interaction directe avec un grand public, ce réseau favorise la mise en avant de soi à travers photos et vidéos. Sauf que qui dit image dit travail de l’apparence… les hommes et femmes les plus célèbres sur ce réseau restent des gens catégorisés comme la « perfection physique» selon les modes. 2010 voit aussi le réseau YouTube décoller. Beaucoup de gens y mettent leur vie en avant. Évidemment beaucoup de marques y voient un intérêt marketing puisque 60% des jeunes nés en 2000 regardent 50% moins la télévision que ceux nés 10 ans plus tôt. YouTube est alors la plateforme parfaite pour vendre de nouveaux produits. De plus, comme un créateur de contenu sur YouTube est rarement sans créer du contenu photographique, Instagram le devient rapidement aussi. Certaines personnes d’influence trient et ne prônent pas tout ce qu’on leur propose mais beaucoup font encore vendre tout et n’importe quoi à leurs abonnés.

Un cercle vicieux

Le problème est que l’on est constamment sollicité par des images au quotidien. Parmi toutes les images que l’on voit tous les jours au moins 50% sont liées à notre bien être et à notre alimentation. Il est alors difficile de ne pas y penser ou de ne pas culpabiliser. En réalité, comme je le disais précédemment, tout est fait pour nous faire culpabiliser sur notre hygiène de vie par rapport à des cas exceptionnels dont leur image est leur métier comme les mannequins, acteurs,… Le second problème est que l’on travaille tous notre image en s’inscrivant sur un réseau social. On tombe alors dans un cercle vicieux, d’un côté on a envie de créer du contenu sur ces réseaux, tendant vers une élévation sociale, d’un autre on est rabaissé par des images de personnes passant leur vie à travailler leur corps à travers le sport, l’alimentation et les soins.

Une guerre entre plusieurs camps

On connaît tous une personne végétarienne ou végane, intolérante ou allergique, extrêmement stricte sur son alimentation ou trop peu. On peut concéder à toutes ces écoles qui diffèrent de point de vue que depuis quelques années on fait de plus en plus attention aux allergies et intolérances. Beaucoup d’études ont été menées et ont prouvé que tous les organismes humains ne réagissent pas de la même façon aux mêmes aliments. Au passage, des nutritionnistes ont eu la parole pour développer leurs points de vue sur une « meilleure alimentation » bannissant le gluten, le lactose, la viande,… selon eux, beaucoup d’aliments seraient à bannir pour une alimentation parfaite. L’effet a fait boule de neige et beaucoup de gens pas spécialement intolérants ou allergiques se sont définis comme tels. Le points positif est que cet « effet de mode » a aidé au développement de beaucoup de produits et de recettes pour aider les gens réellement touchés par ces troubles. Le point négatif est que c’est justement un « effet de mode ». En effet les conseils en matière de nutrition changent très régulièrement. Deux autres camps qui se font la guerre sont ceux qui opposent une alimentation « trop » laxiste, dans l’optique qu’il faut manger ce que l’on veut quand on le peut et ceux qui prônent une alimentation « sur-régie », constamment contrôlée en termes de calories, d’apport nutritionnel, fibres, protéines,…

Entre une alimentation trop laxiste, basée sur des fast-foods et plats tout prêts qui font culpabiliser, et une alimentation stricte qui donne l’impression de ne pas avoir de place pour des écarts, que choisir?

Je dirais qu’un troisième mouvement se fait doucement une place. Celui de se ficher la paix, de faire appel à sa propre raison sans laisser de côté ses envies. Ce mouvement est mené par plusieurs personnes qui expliquent en avoir marre d’être sûrs-chargées de propositions de régimes, de programmes de sports, d’applications pour compter ses calories,… elles proposent une nouvelle voie : « et si on arrêtait de se mettre la pression ?» « si on décidait que notre identité ne se résume pas à notre poids ?». L’idée est de montrer que toute cette publicité autour de l’apparence n’intéresse plus personne, et donc essayer de faire changer notre vision autour de l’apparence physique.

Ce qui est sûr c’est que notre monde digital évolue très vite. Des lobbys se mettent en place et il est alors difficile de se défaire d’un pouvoir d’attraction marketing. Beaucoup de gens essaient pourtant à leur échelle de faire bouger les choses et de se défaire au maximum de l’emprise que peuvent avoir les marques et la société de sûr-consommation sur notre vie quotidienne, surtout quand elle entraîne du mal-être et des complexes. Un peu dans une veine des années 1970 sur l’acceptation de tout le monde, quelle que soit sa condition sociale, son apparence ou son poids, ils visent un plus grand respect entre nous tous, essayant à travers leur message positif de se défaire d’une sorte de compétition avec soi-même pouvant parfois devenir dangereuse.

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